« Ma copine ne ressent rien quand je la touche » : que faire ?

Mehdi* est un jeune homme au début de la vingtaine. Il est un couple avec Sarah, une adolescente presque majeure. Tous les deux s’aiment et se plaisent.

Depuis plus d’un an, ils ont ensemble des relations sexuelles. Problème : Sarah ne ressent rien. Aussi bien pendant la pénétration que lorsque Mehdi lui caresse le clitoris.

Mehdi m’écrit parce qu’il est désespéré. Il m’assure ne mettre aucune pression à Sarah mais il est terriblement frustré et aimerait que la situation s’améliore. En réalité, c’est sur lui qu’il met la pression.

Il cherche à lui donner du plaisir de différentes façons mais rien ne semble fonctionner. Il a déjà essayé de lui faire un cunnilingus. Ce fut un échec total : elle trouva cette pratique dégoûtante.

Mehdi en a marre

Il en a marre de ne pas pouvoir se sentir en osmose avec son amoureuse. Elle aime les câlins. Lui aimerait aller plus loin. Il perd de plus en plus confiance en lui et ne sait plus quoi faire.

Il s’inquiète de leur avenir. Il a dû mal à se projeter : « Comment rester dans une relation où l’on se sent si frustré sexuellement ? ». Il a de la peine. Il se trouve face à un dilemme.

En creusant un peu plus, il me partage que de son côté, sa chérie semble complètement indifférente. Comme elle ne ressent rien, elle ne désire rien. Les films pornographiques ne semblent pas non plus l’éveiller. Et lorsqu’elle se touche par elle-même, c’est le vide intersidéral.

« Comment puis-je résoudre mon problème ? », me demande-t-il.

Mehdi semble plein de bonnes volontés. Mais il ne semble pas réaliser qu’il n’est pas le seul à bord du bateau. En réalité, il ne peut dissocier « son problème » du problème de sa copine à ne rien ressentir.

Un couple est composé de deux personnes. Et chaque personne détient une part de responsabilité. Pour le moment, sa copine ne semble pas avoir conscience que son manque de plaisir pourrait l’éloigner peu à peu de son amoureux.

À noter aussi : Mehdi n’est pas responsable du manque de plaisir de sa chérie. Il ne peut donc pas « l’en sauver ». Les techniques sexuelles semblent ainsi d’aucune utilité.

Les difficultés à ressentir du plaisir de son amie paraissent plus profondes. Elles concernent peut-être son rapport à la sexualité :

  • Considère-t-elle le plaisir comme étant quelque chose de « mal » ?
  • Est-ce que pour elle la sexualité une source de honte ou de culpabilité ?
  • Pense-t-elle qu’elle ne mérite pas avoir du plaisir ?
  • Se sent elle en sécurité et en confiance ?
  • A-t-elle des peurs qui pourraient être désamorcées ?

Une discussion sincère et honnête pourrait sans doute aider Mehdi à exprimer ce qu’il a sur le cœur. Prendre sur soi et endurer les frustrations sont souvent les prémisses d’une future explosion. Il ne veut pas la tromper ou la quitter mais il faut bien avouer que cette possibilité pointe parfois le bout de son nez.

Comment Mehdi pourrait-il aborder avec sa chérie ce sujet si délicat ?

Ouvrir le dialogue et exprimer ces ressentis : conseils de communication

La sexualité est un sujet gênant. Surtout quand on est jeune et inexpérimenté. Pour parler de ce sujet avec doigté, l’enrobage est un art à maîtriser.

D’abord rassurer :

  • « J’aime beaucoup passer du temps avec toi » ;
  • « J’aime notre complicité, je me sens bien avec toi » ;
  • En bref : dire ce qu’on apprécie chez l’autre et lui montrer que la relation nous importe.

Ensuite annoncer :

  • « J’aimerais te parler d’un sujet important » ;
  • « Je me pose des questions depuis en certain temps et j’aimerais t’en parler ».

Oser se montrer vulnérable :

  • « Je suis gêné du sujet dont j’aimerais te parler mais je trouve important que nous en discutions afin de trouver des solutions » ;
  • « C’est difficile pour moi de te parler de tout ça mais j’aimerais que nous trouvions des solutions ».

Rassurer :

  • « J’ai besoin que nous avancions tous les deux dans la même direction ».

Peindre l’idéal :

  • « La sexualité peut être un beau moment à passer ensemble et j’aimerais sentir que tu te sentes joyeuse et en confiance » ;
  • « Je serais heureux si nous prenions tous les deux beaucoup de plaisir dans cette intimité » ;
  • « Je sais que tu as déjà essayé de te caresser seule et que tu ne sens pas grand chose mais il y aurait peut-être d’autres solutions à essayer. »…

Exprimer ces ressentis :

  • « Je me sens triste de ne pas pouvoir vivre de beaux moments de plaisir avec toi » ;
  • « Je me mets beaucoup de pression pour te faire vivre de belles sensations et je commence à désespérer. Je ne sais plus quoi faire. » ;
  • « J’ai envie d’explorer plein de choses avec toi mais je me sens bloqué. »…

Poser des questions :

  • « Comment te sens-tu par rapport à notre sexualité ? » ;
  • « Quelle serait ta sexualité idéale ? » ;
  • « T’imagines-tu parfois ressentir du plaisir ? ».

Écouter l’autre parler, sans le (ou la) couper. Rassurer. Rassurer. Rassurer.

Si la personne a du mal à s’exprimer : lui proposer d’échanger sur ce sujet à l’écrit. Cela peut être moins intimidant et moins confrontant.

Ouvrir les portes du plaisir

Quand on n’a pas eu la chance de recevoir une éducation sexuelle positive qui normalise le plaisir, on peut non seulement être limitée en terme de sensations mais aussi s’enfermer dans une passivité déconnectée.

J’ai proposé à Mehdi d’offrir à sa chérie le livre « Je Jouis Comme Je suis » de la chercheuse américaine Emily Nagoski.

Ce livre pourra sans doute l’aider à dédramatiser la sexualité et à l’ouvrir davantage au plaisir. C’est une lecture à la fois bienveillante et réconfortante.

Les livres ont un pouvoir thérapeutique. Ils nous partagent d’autres réalités, nous invitent à nous questionner et aident à mieux nous comprendre. En bout de ligne, ils nous oxygènent l’esprit et nous ouvrent un vaste champs des possibles.

La chérie de Mehdi, parviendra-t-elle à ouvrir les portes du plaisir ?

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* Le prénom a été changé ainsi que certains éléments du récit par soucis de confidentialité.

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